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Roger Rua, médecin du sport à Rueil-Malmaison (92)
« La marche est l’activité physique adaptée par excellence »
L’activité physique contribue-t-elle à préserver l’autonomie des personnes âgées ?
Dr Roger Rua : Oui, c’est certain. L’activité physique réduite est l’un des critères de la fragilité chez les personnes âgées. La sédentarité est une vraie maladie de société, elle est à l’origine de plus de la moitié des décès de la population. Il faut toujours avoir à l’esprit que l’activité physique est une activité naturelle car l’organisme a besoin de bouger pour fonctionner. Dès lors, tout ce qui peut faciliter le mouvement, et donc le déplacement, va contribuer au bon fonctionnement de notre organisme. L’intérêt d’une marche régulière, par exemple, se ressentira sur le plan cardiovasculaire à la fois en favorisant la circulation du sang et donc en contribuant à l’élimination des toxines et des déchets et en participant à la régulation hormonale ce qui sera bénéfique pour tous les organes du corps. L’activité physique n’a donc que des côtés bienfaiteurs. A condition, bien évidemment, qu’elle soit adaptée en fonction de l’âge des personnes la pratiquant, du sexe et des pathologies dont souffriraient éventuellement ces personnes.
Comment savoir si une activité physique est adaptée ?
Dr R.R : Avant de pratiquer toute activité physique, il convient de faire systématiquement un bilan médical. C’est en effet le seul moyen de savoir précisément quels exercices peuvent être pratiqués par une personne en particulier et quelles contre-indications peuvent éventuellement exister. Une personne âgée aura ainsi une idée précise du type d’activité qui lui conviendrait le mieux. De même un diabétique, par exemple, prendra conscience de l’utilité de marcher au moins une demi-heure par jour. S’il est évident que dans la grande majorité des cas la marche est l’activité physique adaptée par excellence, encore faut-il connaitre ses propres limites. En cas d’handicap physique ou cérébral, il conviendra d’accompagner la personne avec toutes les aides possibles. D’où l’intérêt d’un bilan médical qui fixera les limites à ne pas dépasser et identifiera les mouvements qui devront être favorisés. Une fois ce préalable accompli, chacun retirera très rapidement les bénéfices d’une activité physique régulière. Faire marcher une demi-heure par jour une personne âgée contribuera à diminuer sa consommation de médicaments. Sans oublier qu’un allongement prolongé peut être source d’escarres et engendrer des problèmes rénaux et cardiovasculaires.
De quelle manière l’activité physique agit-elle sur la santé ?
Dr R.R : Dès lors, moins l’on bouge, moins l’organisme est sollicité et moins la circulation se déroule correctement dans l’organisme. Avec la sédentarité, des insuffisances circulatoires vont se développer, notamment au niveau des membres inférieurs, et engendrer une insuffisance cardiaque droite, puis gauche. En outre le fait de ne pas bouger va entrainer une amyotrophie qui empêchera de stocker du sucre dans les muscles et donc de disposer de l’énergie nécessaire pour bouger. C’est donc un cercle vicieux ! A l’inverse, une activité physique va agir sur tous les éléments de l’organisme. Au niveau du squelette, d’abord, des articulations ensuite et bien évidemment sur le cœur qui est un muscle et a donc besoin d’être sollicité et de travailler pour être endurant. De même, le foie, la rate ou les intestins retireront ils les bénéfices d’une activité physique qui permettra une vascularisation de ces organes. A titre d’exemple, j’ajouterai qu’une constipation sur trois peut être traitée par une activité physique régulière et le fait de boire de l’eau en quantité suffisante. Sans oublier un impact évident sur le moral, puisque le fait de rester confiné chez soi et donc de ne pas s’aérer a un effet délétère sur les relations sociales, agit négativement sur le cerveau et donc sur la mémoire.
Comment le médecin peut-il sensibiliser les personnes âgées à l’intérêt de pratiquer régulièrement une activité physique ?
Dr R.R : ll ne faut pas voir le médecin seulement comme l’homme de la maladie. Il a un rôle fondamental à jouer avant que celle-ci ne se déclare. En diffusant des éléments d’information sur la santé, il est même l’un des rouages essentiels de la prévention. D’autant qu’il peut apporter des éléments d’information individualisés, puisqu’il connait les éventuelles contre-indications de chacun de ses patients. L’idéal serait donc qu’à partir de 55 ans chacun consulte son médecin afin de bien identifier les conduites à risque et de comprendre l’intérêt d’une activité physique pour préserver sa santé. A défaut, au moment d’une première consultation liée à une pathologie, le médecin pourra profiter de l’occasion pour informer un malade des problèmes auxquels il pourra être confronté et de l’intérêt d’une activité physique adapté pour les éviter. Rien ne vaut la pédagogie active pour bien comprendre les enjeux d’un problème.
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