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L’été sera chaud. Il y a des mots qui mettent en alerte. C’est le cas du mot « canicule » qui donne chaud aux bénéficiaires comme à leur entourage et aussi aux professionnels. Avoir les bons réflexes permet de préserver la santé de chacun.
La période estivale expose les plus vulnérables à la déshydratation et à des coups de chaleur qui doivent être prévenus et surveillés étroitement pour ne pas avoir de conséquences préjudiciables pour leur santé. Les professionnels de plus en plus sensibilisés depuis la canicule de 2003 s’organisent pour être vigilants au plus près des situations à risques. Ils méritent aussi de prendre soin de leur propre santé pour assumer cette mission que chacun doit reconnaitre comme essentielle.
L’été arrivant, les cartes météorologiques prennent des couleurs. Nous avons tous en tête ces cartes vertes et jaunes, parfois tachetées de orange et plus rarement de rouge. Depuis vingt ans, cette année, c’est Météo France qui lance les alertes et maintient notre vigilance via les médias, les Autorités de Santé et les municipalités. Ces alertes s’échelonnent en quatre niveaux.
• VERT : c’est une alerte de saison de début juin à fin septembre, qui maintient notre niveau de vigilance et nous aide à une préparation anticipée aux périodes des plus fortes chaleurs. C’est le moment de vérifier le fonctionnement des volets, des fenêtres, des ventilateurs, brumisateurs et éventuellement des climatisations, des réfrigérateurs et congélateurs, les niveaux de stocks d’eau et de glaces et le bon état de fonctionnement des systèmes d’alertes (téléalarmes, téléphone..).
• JAUNE : Soyons attentifs. Cette alerte expose à quelques jours de chaleur accrue avec un rafraichissement nocturne. Limiter des activités et renforcer ses actions de prévention auprès des plus vulnérables s’imposent alors.
• ORANGE : Soyons très vigilants. La canicule se caractérise pas des températures anormalement élevées sans refroidissement significatif la nuit sur une durée de quelques jours. Elle impose une priorisation des activités aux plus essentielles et une attention renforcée vis-à-vis des plus vulnérables.
• ROUGE : une vigilance absolue s’impose. La canicule extrême se caractérise par une canicule plus intense et plus prolongée avec de hauts risques de santé publique. Des arrêtés préfectoraux peuvent imposer l’arrêt de certaines activités (sports, déplacements..) et imposer des comportements individuels (ne pas sortir..) ou collectifs (regroupement en lieux frais, mobilisation d’acteurs de réserves…).
Les personnes les plus vulnérables sont des individus qui ont une autonomie diminuée, qui se déplacent difficilement, perçoivent ou ressentent moins bien le danger ou ont des capacités cérébrales diminuées. Ce sont les très jeunes enfants, les séniors, les personnes souffrant d’un handicap surtout neurologique ou mental et les personnes consommant des produits pouvant altérer leur vigilance, favoriser un coup de chaleur ou une déshydratation (médicaments, alcool, autres toxiques..). Dès le début de l’été une consultation médicale s’impose pour optimiser les traitements et sensibiliser sur les médicaments augmentant les risques (diurétique, insuline, psychotropes..) à surveiller plus étroitement.
Car les périodes de fortes chaleurs exposent à deux risques qu’il est important de connaitre pour les prévenir, les repérer ou les prendre en charge rapidement le cas échéant : le coup de chaleur et la déshydratation.
La déshydratation se conçoit facilement. En période de forte chaleur, nous transpirons abondamment pour réguler notre température et nous perdons beaucoup de liquides et de sels minéraux indispensables au bon fonctionnement de l’organisme composé à 60% d’eau. La déshydratation expose à une altération de l’état habituel (« pas comme d’habitude »), une sensation de soif, des urines très concentrées, une fatigue voire une confusion, des difficultés respiratoires et une cyanose en situation extrême. Le signe du pli de la peau qui persiste n’est utile que pour le nourrisson. La sensation de soif est très altérée chez les plus âgées ou plus vulnérables. C’est, là aussi, un signe qui n’est pas toujours retrouvé. La situation est d’autant plus risquée que la personne ressent moins la chaleur, la soif et l’envie de boire ou de manger.
Il est donc excessivement important de stimuler les plus vulnérables à boire régulièrement et abondamment jour et nuit en période de forte chaleur. 1.5L de liquide non alcoolisé enrichi en sel minéraux est recommandé par 24h. Le cocktail quotidien peut être composé d’eau (notamment minérale), des jus, de fruits et légumes riches en eau (concombre, pastèque, melon..), des yaourts ou entremets, des soupes (nos ainés en raffolent), des boissons tièdes ou rafraichies (tisanes, thés et cafés légers..)…
Quantifier les apports n’est pas aisé mais de petits trucs peuvent aider : verres ou bouteilles gradués, placer des verres et bouteilles à plusieurs endroits, mettre une alarme pour boire toutes les deux heures, dessiner une feuille représentant 6 verres de 250 ml à cocher au fur et à mesure des consommations, par exemple. La vigilance sur l’état général et les urines restent des repères fondamentaux. En cas de moindre consommation, des perfusions sous cutanées de sérum physiologique doivent être proposées préventivement. Une bonne coordination entre les intervenants à domicile et les infirmières est alors essentielle à cultiver.
Le coup de chaleur peut par ailleurs être redoutable. Il s’agit d’un défaut de régulation de la température du corps qui expose à une hyperthermie peu contrôlable (fièvre) qui devient incompatible avec le fonctionnement normal des cellules et échappe souvent aux thérapeutiques. Quand un coup de chaleur survient, il est parfois trop tard et le pronostic est trop souvent engagé. Le coup de chaleur doit absolument être prévenu. Or les personnes vulnérables ne ressentent pas toujours la chaleur et n’ont pas le réflexe de se rafraichir.
Le rôle des intervenants à domicile et de l’entourage est alors essentiel. Il peuvent, dès que possible, mettre en place un suivi des températures des pièces jour et nuit (thermomètre électronique) et surveiller la température corporelle au moindre doute, mettre à disposition un ventilateur en état de marche voire une climatisation.
En période de forte chaleur il s’agit de fermer les volets et les fenêtres dès les premiers rayons de soleil pour les rouvrir la nuit, veiller à ce que les personnes soient vêtues légèrement, humidifier les linges si besoin et mettre à disposition un brumisateur qui limite la sueur et rafraîchit la peau. Les aidants professionnels doivent veiller à limiter les activités physiques des personnes vulnérables et les accompagner en lieux frais ou climatisés au moins 3 heures par jour (lieu public, cinéma, galerie commerciale, musées, Maison de Vie des Ainés…, parc de verdure avec eau à disposition). Les aliments et les boissons doivent être consommés froids ou frais autant que possible.
Tout malaise, hyperthermie (fièvre), confusion, agitation, somnolence, nausées ou vomissements, mouvements inhabituels doivent pousser à une consultation médicale rapide pour rechercher la cause et mettre en place un traitement urgent si besoin. La concertation des différents professionnels à domicile avec les personnes de l’entourage et les personnels municipaux mobilisés est encore plus essentielle dans ces situations à haut risque. Prévenir l’isolement est une priorité. Les personnes vulnérables peuvent être inscrite au registre municipal et seront alors appelées et visitées régulièrement pour assurer une surveillance collective rapprochée.
Toutes ces mesures visent à protéger les plus vulnérables et à prévenir les situations urgentes à hauts risques de mortalité. Il reste qu’en période estivale au cours de laquelle les équipes professionnelles sont en tension et les proches parfois en congés, l’effort consenti par ceux qui sont présents est souvent conséquent. Il est important alors, pour les professionnels aussi, de prioriser les tâches les plus importantes, d’aménager les horaires pour ne pas provoquer d’efforts physiques trop intenses aux heures les plus chaudes, organiser des tournées de surveillance et d’hydratation plus fréquentes et d’avoir un œil vigilant sur les aidants familiaux.
Et ne jamais négliger, pour chaque professionnel, l’importance de prendre soin de ses propres ressentis, de s’hydrater personnellement aussi abondamment, de se rafraichir régulièrement et de se ménager des temps de récupération pour être au mieux la plupart du temps. Rappeler aussi l’importance de l’entraide même à distance. Quoi de plus précieux qu’un(e) collègue qui vous appelle pour savoir comment ça va ? si on a besoin de quelque chose ? c’est simple comme un coup de fil…et en même temps, tellement essentiel.
Bel été à tous
– Dr Stéphanie MARCHAND PANSART, Médecin Gériatre
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